A près de 30 mètres de profondeur dans la mer Egée, le musée sous-marin, “mélange de plongée et d’archéologie”, attire une autre forme de tourisme. Le parc marin national d’Alonissos propose désormais à ses visiteurs une plongée au plus près du « Parthénon des épaves », un des plus grands vaisseaux de la marine marchande de l’époque classique, au 5e siècle avant notre ère.
Situé dans le parc marin national d’Alonissos et du nord des Sporades, en pleine mer Égée, le musée fait partie de la plus grande zone marine protégée d’Europe. Compte tenu du risque de pillage, les antiquités sous-marines n’étaient jusqu’à présent accessibles qu’aux archéologues et aux détenteurs d’une autorisation spéciale. Désormais, les plongeurs amateurs pourront découvrir ces eaux et, à une profondeur de 24 m, faire connaissance avec l’épave du Peristera, dont le nom provient de l’îlot voisin inhabité. En plongeant au plus près de ce navire envoyé par le fond en 425 avant notre ère, les visiteurs sont assurés de voyager dans le temps.
Impressions à chaud
Ici “on plonge dans l’histoire”, s’exclame un touriste autrichien, après sa plongée sur le site du naufrage de Peristera. Ce jour-là, sept plongeurs enfilent leur combinaison sur le Triton, le bateau qui les mène tout droit vers les côtes de Peristera, un îlot à quelques encablures de l’île égéenne d’Alonissos. Les explorateurs se jettent à l’eau et se lancent dans la descente périlleuse, sous les conseils avisés de leurs superviseurs. Les restes de ce naufrage se trouvent à près de 30 mètres au fond de la mer Egée, rendant la plongée difficile et technique.
Sous leurs palmes, plus de 4.000 amphores reposent dans le sable depuis presque 2.500 ans. Cette collection constitue le premier musée sous-marin de Grèce, ouvert durant l’été 2020. “Nous ne sommes pas simplement au milieu d’un écosystème marin avec des coraux, on observe les restes d’une ancienne civilisation”, se réjouit également Lisette Frevelund, une touriste danoise, peu après l’expédition sous-marine.
Une épave intacte
L’épave figure également parmi les mieux préservées au monde. « La cargaison d’amphores a gardé sa configuration d’origine, en couches, telle qu’elle a été chargée dans la cale, et laisse donc apparaître la forme du navire, » indique Kalamara. « C’est une expérience unique pour les visiteurs-plongeurs qui ont l’occasion de voir un navire de l’époque classique. » Vingt ans après les premières fouilles, ce site surnommé « le Parthénon des épaves » a encore une part de mystère : comment le commerce s’est-il développé dans l’antiquité ? Quelles étaient les techniques de construction du navire et pourquoi a-t-il coulé ? Sans oublier la question la plus fascinante d’entre toutes : qu’y a-t-il sous les amphores ?
Et la nature dans tout ça ?
En dehors des antiquités, la région regorge d’autres trésors à préserver. Les initiatives destinées à protéger des espèces marines et terrestres rares ou menacées ont vu le jour dans les années 1970. En 1992, la Grèce inaugurait son tout premier parc marin national, une zone de près de 2 600 km² englobant Alonissos, six îles plus petites et vingt-deux îlots.Aujourd’hui, plus de cinquante phoques moines de Méditerranée ont trouvé refuge dans la réserve naturelle de Giora et la zone protégée de Piperi ; les îlots de Skántzoura, Strogili et Polemika abritent quant à eux des faucons d’Éléonore et l’île de Psathoura des plantes rares comme le lis maritime. Le parc accueille également une race rare de chèvre sauvage, trois cents espèces de poissons et plus de quatre-vingt espèces d’oiseaux, sans oublier les reptiles, les dauphins, les baleines, mais aussi la faune terrestre et la posidonie de Méditerranée, une herbe sous-marine.
Le gouvernement grec a fait le pari de développer le “tourisme de plongée”. Il a décidé de s’adresser à une “audience spéciale qui paye généreusement pour plonger et choisit sa destination en fonction des différentes options de plongée”, souligne le ministre grec du Tourisme Harry Theocharis.”Notre pays a beaucoup de curiosités touristiques” pour la plongée, se félicite-t-il, précisant à l’AFP qu’une dizaine de parcs sous-marins ont déjà obtenu un permis de pratiquer ce type de tourisme en Grèce. Epaves, mais aussi réserves naturelles et projets de “récifs artificiels pour créer la vie, la flore, la faune et devenir des curiosités naturelles pour la plongée”, ajoute le ministre.